Les premières traces significatives d’habitat humain, trouvées jusqu’alors dans ce pays remontent au Néolithique, c’est l’époque où les hommes deviennent paysans, bergers, se sédentarisent et transforment le paysage.
Quelques prospections de surface ont localisé plusieurs stations néolithiques, avec haches de pierre (en roche vertes) et tessons de poterie épaisse à gros grains de dégraissant. Dans les rochers même, des anfractuosités des grottes ont également pu servir d’abris ou de greniers. Un grand merci aux « Amis des Mées » pour l’ensemble des contenus qui nous ont transmis.
« Les Mées est le village de la paix. Il avait à sa disposition, comme presque tous les villages des collines, des hauteurs propices à se défendre, et, mieux que les autres, des rochers auraient pu être ses remparts. Il n'a pas voulu. Il s'est installé au contraire carrément dans les limons de la Durance. Il s'est servi de ses vergers, de ses prairies, de ses frondaisons, de ses eaux chantantes. Aux armes, il a préféré la beauté. Il accueille : il est l'ombre même, la fraîcheur le parfum de ses tilleuls. Il affronte le nord, sa lumière est pure, elle délimite exactement les formes les plus subtiles, son orient ne se disperse pas. Sa légende cristallisée en rocher, l'abrite et murmure étrangement avec le vent. » Jean GIONO - Préface du Bulletin Municipal 1968 –
Les Celto-Liguro-Gaulois ont vu arriver les Romains qui pour communiquer à travers leur empire réalisent des routes. Ainsi la voie Domitienne, reliant l'Italie à l'Espagne passe juste en face, en rive droite de la Durance, et, à quelques quatre ou cinq kilomètres en amont du territoire des Mées se trouve la ville portuaire importante du Bourguet (à L'Escale). Ces envahisseurs romains apportent avec eux leur technique avancée et des cultures nouvelles (olivier, vigne ...). Sur la commune leur présence est attestée par quelques emplacements de villas où ont été trouvés des fragments de poteries (sigillée) de dolium, des monnaies, des tuiles (tegulae) et par le soubassement de la chapelle Saint-Roch accrochée au rocher dominant le village. La colonisation romaine amène une paix relative et un certain développement mais cette civilisation en s'anéantissant laisse le champ libre aux invasions des peuplades du Nord (Wisigoth, Vandales, Burgondes ...) et des Sarrasins.
Ces invasions vont, à partir du Vème siècle, contraindre les habitants à se regrouper sur le flanc du rocher, autour de la chapelle Saint-Roch, pour mieux résister. D'autre part, le christianisme qui commence à gagner les esprits, va susciter une renaissance des énergies. Des églises sont construites Saint-Antoine (quartier de la Colle) qui existait déjà au XIème siècle est donnée à l'abbaye de Saint-Victor de Marseille (à sa place s'élève actuellement un oratoire du même nom), Notre Dame de Champlan (XIIIème - XIVème siècle), Saint Honorat (XIIème - XIIIème siècle), et celle du Saint-Sépulcre la première église paroissiale (qui prendra par la suite le vocable de Saint-Roch). Deux prieurés sont érigés, celui de Paillerols au milieu du XIIème siècle, dépendant de Boscodon (Ordre de Chalais) et celui de Saint-Michel, dépendant de Ganagobie (Ordre de Cluny), de ces deux édifices il ne reste plus rien aujourd'hui. La communauté villageoise va naître autour de l'église, du moulin, du four, de la fontaine, et c'est un nouvel essor, une nouvelle prospérité. Le village se développe, s'entoure de remparts qui assez rapidement ne suffisent plus à le contenir. Des églises plus vastes sont construites "hors les murs", Saint-Félix au XIVème et Notre Dame de l'Olivier au XVème siècle.
Jusqu’au milieu du XIVème siècle la ville des Mées n’est sous le joug d’aucun seigneur particulier, elle est administrée par des syndics élus par les habitants. Mais en 1350 le territoire des Mées est inféodé par la Reine Jeanne à Guillaume Roger de BEAUFORT.
De graves destructions sont provoquées par les guerres de religions qui font l’objet de sérieux affrontements dans la région. En 1562 l’église Saint-Félix est rasée et Notre-Dame de l’Olivier est en partie brûlée. Le château est détruit en 1575. Malgré ces bouleversements, la communauté qui supporte mal la tutelle seigneuriale, va au cours de ce XVIème siècle (de 1519 à 1572) racheter tous ses droits à Jacques, Marc et Jean de BEAUFORT. Enfin libérée, dès 1574 elle élit un député pour le représenter à l’Assemblée des Etats de Provence.
A partir de la fin du XVIème siècle, la paix revenue, la commune libérée de ses charges seigneuriales, la ville se développe au-delà de ses remparts devenus inutiles. De belles et vastes demeures bourgeoises sont construites et au fil des années la cité s’étale dans la vallée.
Une menace cependant pèse sur la ville. Lors des orages abondants, elle est ravagée par le torrent de la Combe qui la traverse. Pour enrayer ce flot dévastateur la communauté, à la fin du XVIIIème siècle s'engage dans un chantier un peu utopique qui absorbe toutes ses ressources, même si la Province, sollicitée avec habileté par Benoit SALVATOR, apporte son aide financière. L'entreprise ne consiste à rien moins que de percer un tunnel, la Mine, au travers du solide poudingue des rochers sur une longueur d'environ... trois cents mètres, de construire un barrage et dévier ainsi les eaux hors de la ville. Réalisé entre 1782 et 1788 son efficacité est imparfaite, car le torrent continue ses débordements. A la fin du XIXème siècle le reboisement des collines environnantes arrêtera les dégâts des eaux dévastatrices. Au XIXème siècle, comme dans les autres communes de ce département, tout l'espace est occupé. La densité de la population atteint son maximum, la moindre surface de terre est mise en culture. Ce terroir agricole découvre les progrès de la technique, s'enrichit en étendant, non sans problèmes, son réseau d'irrigation.
Au domaine de Paillerols de 1849 à 1881 est installé la ferme école départementale, qui enseigne les nouvelles techniques. C'est là, que de 1865 à 1870, Louis PASTEUR fait de nombreux séjours pour ses recherches sur la lutte contre les maladies des vers à soie. Pour de meilleures communications un pont est construit sur la Durance au niveau de la ville des Mées, mais tout juste terminé il est emporté le 1er novembre 1843 par une crue, et il faudra attendre 1856 pour le remplacer. Comme dans bien des zones rurales, la commune connaît l'abandon des terres peu fertiles à la fin du XIXème au milieu du XXème siècle et la diminution de sa population. Mais avec les bonnes terres alluvionnaires de la vallée, avec une irrigation en plein essor, le pays des Mées reste aujourd'hui un terroir agricole productif. De petites entreprises agricoles et artisanales fixent une certaine main d'oeuvre. Ce pays garde encore suffisamment de collines, de paysages, d'espaces, de mystère pour ceux qui veulent bien se donner la peine de les découvrir... (source : Les Amis des Mées)
Aux Mées, « Le chemin des insurgés » retrace l’histoire de ces Bas-Alpins qui, en 1851, ont voulu contrer le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte. Le département des Basses-Alpes fut un de ceux qui firent, au coup d’État du 2 décembre 1851, la plus ferme et la plus longue résistance ; il ne fut soumis que le 15 décembre et la colonne d’Aillaud de Volx ne mit bas les armes qu’en janvier. Après s'être rendus à Digne où ils ont investi la préfecture et instauré un comité de résistance, les insurgés se sont dirigés vers Les Mées afin de repousser une colonne militaire qui avait été annoncée. Le 9 décembre environ 3 000 insurgés étaient au village, massés à l'entrée sud des Mées, attendant l'arrivée de la troupe. Après un affrontement énergique, les militaires décident de se replier et d'attendre des renforts. De leur côté les insurgés, momentanément victorieux, comprennent que tout est joué car les soulèvements ne sont pas à la hauteur de leurs espérances. Isolés, ils se retrouveront alors sous le joug d’une terrible répression. Il y eut 3 680 arrestations et près de 1000 condamnations à la déportation.
Située à la confluence de la Bléone et de la Durance, dans le département des Alpes de Haute Provence, la commune des Mées présente le visage typique des villages provençaux.