L’histoire contemporaine

Village provençal

Les Mées entre 1913 et 1945

Ce chapitre décline les événements qui ont marqué le village au cours des deux guerres mondiales. Il dédie également une page aux ressources pédagogiques issues d’un projet mémoriel sur les Groupes de Travailleurs Étrangers. Un grand merci aux « Amis des Mées » pour l’ensemble des contenus qu’ils nous ont transmis.

Les mées

1913 : Inauguration de la Fontaine de la République

Au printemps 1911 s’était constitué un comité composé de nombreuses personnalités politiques du département, afin d’ériger « un monument commémoratif de la résistance des Républicains des Basses-Alpes au coup d’Etat de décembre 1851 ». Le 27 août 1913 le Conseil Municipal décide que la Place Neuve prendra le nom de place de la République. La date d’inauguration de la Fontaine de la République est fixée au jeudi 4 septembre 1913.

Date symbole, le 4 septembre est l’anniversaire de la capitulation de Napoléon III à Sedan et la fin du Second Empire (1870). Toutes les personnalités politiques et administratives du département sont conviées à cette fête. Est aussi convié François BARBARIN, âgé de 83 ans, un des derniers insurgés condamnés encore en vie et valide, qui malgré son âge, « se fait un devoir d’être présent à cette belle fête républicaine »

Les mées

1914/1918

« 1er août 1914, vers 16 heures, le tocsin sonne au clocher de Notre Dame de l’Olivier et à celui des Petits Camps (…) Ils ne savant pas, ces gens simples et pacifiques que sur environ 1800 Méens, 72 ne reverront pas leurs Pénitents, ni la Durance, pas plus que leur clocher, leur maison et leurs champs. Ils ne savent pas encore que les nuages noirs qui s’accumulent sur leurs têtes feront autant de veuves et encore plus d’orphelins.  Pourquoi ? Voilà l’angoissante question qu’ils ressasseront encore au fond des tranchées, dans la boue, dans la crasse, dans les barbelés sans avoir de réponse apaisante ou tout du moins satisfaisante ». (Extrait de la Préface de Jacques Bouvet – « Ceux qui ne sont pas revenus – Hommage aux Méens », ouvrage édité par Les Amis des Mées)

Monuments aux morts

Dans sa délibération de juin 1942, le conseil municipal accorde la somme de 7000 francs comme subvention à l’érection d’un monument commémoratif « Des enfants des Mées morts pour la patrie ». Le monument sera inauguré en avril 1925.

Comme pour le monument aux morts du bourg, un comité se chargera de la collecte des fonds (à laquelle répondront plus de 150 donateurs) et de la réalisation du monument au Plan des Mées.  Ce comité récoltera la somme de 5573 francs à laquelle s’ajoutera la subvention de la commune pour 2000 francs. Ce monument érigé dans l’enceinte du cimetière fut inauguré le 11 novembre 1926.

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1939/1945

Le Guet-apens d’Oraison

Le 15 juillet 1944 se déroule à Oraison une réunion de coordination des responsables de la Résistance à laquelle participe Louis Martin-Bret, président du Comité départemental de Libération (CDL). Douze participants, membres du CDL, vont tomber dans le guet-apens tendu par des hommes de la 8ème Cie Brandebourg déguisés en maquisards. Les résistants piégés seront amenés à Marseille et torturés. Ils seront parmi les 29 victimes sauvagement exécutées le 18 juillet à Signes. (Var)

Les Mées, Chef-lieu de la Résistance bas-alpine en août 1944

Suite à l’arrestation du 15 juillet, Joseph Fontaine se substitue à Louis Martin-Bret. Georges Bonnaire, ex-chef des FTP, devient chef départemental FFI, en remplacement du commandant Chaumont. 

Georges Bonnaire installe son état-major aux Pourcelles. A compter du 12 août, le CDL se réfugie à la ferme Roubaud, sur le rebord du plateau, entre les Mées et Dabisse (à proximité aujourd’hui du canal EDF). Le CDL se trouvant désormais rassemblé en permanence, Joseph Fontaine aménage un camion gazogène en dortoir. Vers le 15 août ce dernier voit passer un commando de soldats américains parachutés vers Entrevennes et se rendant à Ganagobie. Selon l’historien américain Athur Layton Funk, il s’agirait du commando Ruth composé d’hommes de l’OSS (Office of Strategic Services) parachutés dans le Haut Var.

Dans son témoignage, Louis Roubaud raconte qu’il servait de guide pour huit officiers étrangers (un Ecossais, deux Canadiens et cinq Américains) parachutés à La Colle, installés à proximité et qui correspondaient avec Alger par des émissions radio à partir du plateau de Ganagobie. Il est possible que ces trois formations ne soient qu’un seul et même commando ! (Extrait de l’ouvrage de Henri Joannet, « Les groupes de travailleurs étrangers lors de la 2ème Guerre mondiale »)

Parachutage, destruction du pont et libération des Mées

Le débarquement de Provence a lieu le 15 août 1944. Pour bloquer les mouvements de troupes l’aviation alliée bombarde les ponts. Pour éviter des bombardements trop meurtriers, les résistants décident de faire eux-mêmes exploser le pont des Mées en posant sur les câbles deux charges de plastic venant du parachutage de La Colle. Ce parachutage avait été effectué le 16 juillet, composé de trois tonnes de matériel, mitraillettes, mitrailleuse, munitions, explosifs, chaussures et cigarettes emballées dans du papier kraft !

Les Groupes de Travailleurs Étrangers (GTE)

Au cours de la deuxième guerre mondiale, le village des Mées a accueilli les GTE 213 et 702. Leurs éléments, Allemands, Sarrois et Autrichiens hostiles à Hitler, Espagnols réfugiés de la guerre civile, Polonais, Luxembourgeois… ont constitué une main d’œuvre pour l’usine de Sain-Auban, les mines de lignite du département, les exploitants forestiers, les entreprises. Henri Joannet, président des Amis des Mées a rédigé un ouvrage retraçant cette page méconnue de notre histoire : « les Mées – Les groupes de travailleurs étrangers lors de le 2ème guerre mondiale » aux Éditions C’Est-à-Dire »

Cette mémoire est également ravivée par un projet pédagogique, réalisé en partenariat avec le Lycée professionnel Martin Bret.

Les mées

L’évolution démographique

Niveau le plus bas en 1931

Au cours des années qui suivent les deux guerres mondiales, le département des Basses-Alpes est en pleine dépopulation. La population départementale qui compte 156 675 habitants en 1846, a diminué de moitié un siècle plus tard, soit 83 354 habitants en 1946. La commune descend à son niveau démographique le plus bas en 1931, avec 1380 habitants.

Une remontée démographique corrélée au chantier du Canal EDF

Dans les années 60, la remontée démographique est corrélée au chantier colossal mis en œuvre pour la construction du canal EDF. Cette épopée technologique, humaine et architecturale va modifier les paysages, dompter la Durance et transformer la vie des hommes en permettant le développement des activités industrielles et agricoles. Produire de l’électricité, réguler les crues, fournir de l’eau potable et d’irrigation, autant de missions remplies par cet ouvrage colossal qui depuis le barrage de Serre-Ponçon s’étend sur 250 Km. Le canal traverse la commune des Mées sur
15 km dont 2,8 longent la « galerie des Pénitents » contournant les rochers. Ce creusement aura généré quelque 300 000 m³ de déblais, dont une partie de l’évacuation fera émerger par comblement, la zone d’activité de La Taura.

Le cap franchi des 4000 habitants

Depuis les années 80, la commune connaît une progression démographique significative et continue. Le recensement réalisé en 2016 enregistrait 3789 habitants. Le recensement effectué en 2023 vient confirmer cette dynamique avec le cap franchi des 4000 habitants.